Après une chasse mémorable au casque et à la place de SdS (voir les épisodes précédents), Joker décide de se dévouer et de promouvoir Mumu au grade de SdS présidentiel suite à la défection de Marielle. Ca commence sous de bons hospices (de Beaune).

La météo prévisionnelle était tout sauf rassurante. Avis de coup de vent, pluies torrentielles, pompiers en alerte, centres autos en rupture d'essuie-glace, mais nous étions décidés, du moins un petit groupe, a faire cette sortie coûte que coûte.
Le dimanche matin, au lever, je vais à ma fenêtre, comme toujours, pour découvrir un magnifique lever de soleil, dans les tons de rose mauve, avec un ciel moutonné jusque comme il faut, un vent d'ouest calme et un thermomètre affichant gaillardement 3 degrés au dessus de zéro.
Ils se sont encore vautrés, à la météo, pensais-je in petto (ça rime, vous avez vu ?) La suite nous montrera que bon... pas si tant que ça.

Un grondement nous annonce l'arrivée de Joker, habillé très tendance automnale, c'est à dire foulard et pantalon de cuir.
La classe quoi ! Nous, question tendance, on était pareil, mais quand même moins chic, ressemblant assez à un empilage de vêtements chauds sur deux jambes. Manquait plus que les sacs Carrefour aux pieds.
Une petite mise en jambe pour rejoindre Rambouillet, et toujours le beau temps. Arrivé au Pradaud, Mumu salue la cantonade, et va même à une table de motards inconnus. Elle leurs demande "vous faites partie du groupe, je vous connais pas !" Heu... nous? Non, on a des scooter...
Première gaffe, histoire de Jonathan nous annonce son changement de monture en nous présentant la nouvelle élue...
Flop... Deuxième gaffe, qui, je crois, a eu des répercussions plus tard sur la route.

Le départ est donné, vite, pour une fois. 14 motos, 16 personnes. Veny baptise un rond point ou deux, faut bien frimer en montrant ses flancs de pneus râpés jusqu'au talon, non ?
Il arbore d'ailleurs une paire de bottes racing toute boursouflées. Ca va slider... chaud devant ! Pas de problèmes, la routine groupesque s'installe, le temps est toujours au beau fixe, mis à part un vent plus que violent, que l'on ne sent pas trop, car on roule souvent dans le même sens. Se seraient gourés vraiment, à Météo France ?
Belle routes, gentils virages, conduite calme sans perdre personne ni attendre quelqu'un, étonnant, non ?

Et puis, une belle route, longue ligne droite, au loin, loin à l'horizon devant et à gauche une barre noirâtre annonciatrice de pluie fait son apparition. Mais nous, pas d'inquiétude, couverts comme on est.

C'est là que Lucien décide de dérouiller les bielles de sa CBF.
Boooooooooouuuuuuuuiiiiiiiiii... il part soudain, comme ça. Il a du oublier quelque chose, mais ce qui est sur, c'est qu'il part. Bizarres, les guzzistes !
Moi, planqué dans l'arrière du groupe, je vois ça, et me dis qu'il va se sentir seul, j'ouvre un peu. flatflatflatflatflatflat... je double le groupe à une vitesse indécente, rattrape l'esseulé, et commence à couper les gaz pour rouler de conserve quand soudain, sans même l'avoir vu venir ni entendu, iiiiiiiiiiaaaaaaaaaaahhhhhh... Veny me double, avec quelques trente quarante bornes de plus. C'est vrai que ça peut aller vite, ce genre de "truc", en plus, c'est tellement bas sur la route que tu le vois pas dans les rétros. La seule chose que je vois dépasser du carénage, c'est ses fameuses protubérances noires et blanches qui dépassent de ses bottes. Et pis, Veny, il supporte pas d'être doublé par quelqu'un, alors, une allemande, t'as qu'à voir !! Lui, une moto qui le double, c'est comme quand on lance un bâton à un chien de chasse, le chien, il se soucie même pas de voir le bâton retomber dans l'eau, il démarre !

On roule comme ça, a une allure "soutenue" pendant cinq bonnes minutes, allez, disons six, et on tombe subitement dans un banc de brouillard glacé qui nous fait sérieusement ralentir, et même à commencer de faire une course d'escargot, à dix à l'heure, pour attendre le reste du groupe. On s'arrête même sur le bas côté, parce que ça commence à faire long, faudrait peut-être pas qu'ils traînent, fait froid !
Tiens, les v'la ! On voit apparaître un phare, seul. Non, c'est pas eux, ils sont quand même plus que ça ! Et Seb' nous rejoint... en nous lançant un "vous avez pas le RoadBook ? on vous attend !" d'un air goguenard...
On tire une bourre, dans l'autre sens, cette fois, pour rejoindre le groupe, sagement parqué sur une petite route que même si on l'avait eu, ce RoadBook, on l'aurait pas trouvé, sérieux ! Séquence chambrage, et on repart pour quelques kilomètres, voir des amis de Didier. Didier discute avec des personnes, de l'autre coté de la route, et nous, on s'engouffre dans le bistrot situé exactement en face de lui (si si !! curieux, non ?) Café Chocolat Thé, l'Abbé sort les provisions (bananes, mandarines, pain d'épice de Campanile, pour goûter la différence, gâteau maison), quelques photos, et on repart, bien réchauffés par le feu de bois qui ronronnait dans la petite salle. Ah, les bistrots de campagne, ça devrait pas disparaître !

On repart dans la campagne, on croise un tapon, des faisans comme s'il en pleuvait, des chasseurs comme s'ils avaient tous été fichus dehors par leur femme pour cause qu'elle va passer l'aspirateur. La route est belle, les Alpes Mancelles ressemblent vraiment à la Montagne de Reims ! Quelques traces de terre sur la route, parfois, mais on se demande s'ils n'ont pas nettoyé avant qu'on arrive. En plus, comme on a tourné à droite, la météo est toujours relativement belle, et c'est tant mieux. Mais le vent est toujours là, gaffe !
On arrive dans un bled, sur le coup de midi et demi, et je vois que ça hésite dur... Joker fait demi tour, roule trente mètres, s'arrête, revient sur ses pas. Moi, je regarde le porche de l'église, joliment travaillé, l'avancée de toiture superbe, un beau travail d'artisan charpentier du siècle dernier. Ca râle un peu, il y a des commentaires qui fusent, comme quoi on se demande comment il a fait pour être président, même un qui dit que de toute façon, il s'est autoproclamé, mais qu'il perd rien pour attendre. La révolte gronde, surtout que les estomacs en font autant. Finalement, on s'arrête entre une église, sur son tumulus et le cimetière.

C'est là qu'on mange ? On avait pas prévu de pic niquer, pourtant, vu la météo !
Et un attroupement se forme autour de Veny et la R6. Je me dit que ça à l'air grave, et trouver une dépanneuse ou Yam Assistance dans un bled pareil, ça va pas être coton !
La R6 a décidé de rompre d'avec son pot?. Ils semblaient pourtant bien ensemble, mais bon, on sait pas trop se qui se trame dans les couples. Bref, l'alu nippon, ça vaut pas l'acier inox, mais entre le poids et la qualité, parfois, des décisions dramatiques doivent être prises. On rafistole à coup de tendeur. C'est fou ce que le motard moyen, celui qui roule en Japonaise, peut avoir de tendeurs ou d'élastiques ! J'ai jamais vu autant de moyens de fixations sortir, comme ça, en si peu de temps ! Vous les mettez ou, tous ces trucs ?
J'apprends alors que nous sommes dans le village ou Marie Jo naquit, il y a...pfuuu...je sais plus, et de toute façon, elle l'a pas dit ! Séance photo, devant le panneau d'entrée de je ne sais plus quelle bled, vous le verrez bien, puisqu'on a fait une photo ! On repart, passke, si on veut manger... bientôt une heure de l'aprem' ! On tombe soudain sur une crêperie, après quelques restos fermé ou pleins.

On se gare, en épis, et je sais pas trop, mais l'Abbé rate une marche ou un gravillon traître lui fait un croc en jambe, toujours est-il que la BM se couche doucement, son cylindre droit appuyé sur le cale pied de la CB de Seb', qui est un peu pris en sandwich, et sert de pare choc amortisseur, mais ne peut plus trop bouger... Joker se précipite, aidé de quelques autre, on relève la souffreteuse, pas de bobos ! Ouf ! Ces dames, quand ça part dans les vap', ça prévient pas !

A l'entrée de la crêperie, ça discute ferme, Evelyne va voir la patronne, et on apprend qu'elle veut bien nous faire manger, mais que bon, y a pas de place pour tous (on est 16 !)et qu'elle est désolée, elle a bien une salle, mais elle ne sert que l'été, elle est pas chauffée, c'est humide, c'est un peu "le bazar" et faudrait aller jusqu'à Alençon, se serait mieux. On se dit que le temps d'arriver là-bas, ça va être râpé, et on insiste quelque peu.
Finalement, on entre dans cette fameuse salle d'été, on rediscute un peu, après avoir évalué cette salle. Bien sûr, entre temps, des éclaireurs ont visité la salle d'hiver, bien chauffée, elle, et subitement, une valse de chaise et un remue ménage de table se fait. Deux minutes après, on est tous à notre place, en deux groupes. Un bon feu à coté de nous, enfin ! on va manger ! Ben vous voyez, qu'on y tient tous, dans votre gargotte ! (On l'a pas dit...mais c'était pas loin !)

Trois heures !!!! Serait temps de partir ! on a vraiment pas vu le temps passer !
On parle un peu météo avec les patrons, qui pessimisent à qui mieux mieux, alors que jusqu'à présent, bon, on supportait la petite laine, mais quand même ! Mais c'est qu'il pleuviotte un peu, dehors ! Le temps de régler l'addition, de compter et recompter, il pleut vraiment plus. La scène qui suit est alors comique.
Imaginez seize personnes, motards de surcroît, sortant d'une salle bien chaude, après un repas bien sympa, et réalisant qu'il va falloir mettre l'équipement pluie. Pas un abri, sauf le porche du resto et une petite avancé un peu plus loin. Des gens qui errent un peu partout, se demandant si vraiment il va continuer de pleuvoir. Certains sont déjà prêts, d'autre à moitié. La pluie redouble, décidant tout le monde. Le froid aussi, curieusement. Ca se caparaçonne de foulards, gants d'hiver, pantalons et on repart, mais direction Alençon et la maison, cette fois. Vu l'heure, on va encore avoir du bouchon au retour sur la N12 !

N12 sous la pluie, les trombes d'eau, le vent, cette fois-ci, est contre nous, et ça rafale furieux !! Les distances de sécurité augmentent... Le voyant réserve s'allume, je remonte la file gentiment, préviens Joker en tête, qu'il faut faire de l'essence par des signes. On s'arrête à la première sortie, sur un rond point, et lui dit que je vais faire de l'essence, avec ceux qui en ont besoin. On se divise donc, et on ne se retrouvera plus !!

On continue, Vincent, Veny, Jonathan, Seb' et moi, avec Mumu et Evelyne sur la nationale.

Les voitures commencent à être nombreuses, ça bouchonne doucement mais sûrement, mais on roule bien. On remonte les voitures sur le milieu de la route. Soudain, gros ralentissement, je freine assez fort. Je suis avant dernier, Jonathan me suivant, me rattrape, puis oblique à gauche pour m'éviter, traverse l'autre voie, et entame un rodéo dans l'herbe du bas coté assez violent, hésitant entre tomber ou partir au fossé, rase un poteau de limitation de vitesse (!) pour finalement terminer sa course une trentaine de mètres plus loin. Je fais demi tour, le regarde. Visiblement, il est un peu groggy, je remonte jusqu'à lui : "ça va ? tu as confondu GSXF et Ténéré ?" .Il rigole un peu et se ressaisi.
"Putain, j'ai eu chaud, dit-il vous rouliez peut-être un peu trop vite pour moi, je me rôde avec cette nouvelle moto, et le pneu, c'est plus trop ça sur le mouillé. Sur le sec, ça allait, mais là !" .

Lors d'un arrêt essence, ou Mumu avait pris Franck pour le papa de Fabienne -elle avait cru que Fab' était la soeur du petit ! - on avait parlé tout les deux de la GSXF, et j'avais remarqué qu'il faudrait retendre un peu la chaîne, et surtout faire gaffe au pneu, quelque peu lisse, et que ce serait le prochain poste de dépense...
On repart tous les deux, on croise Seb', Vincent et Veny qui revenaient voir pourquoi on était pas là, on se rejoint, et on se réinsère dans le flot. Dix minutes plus tard, mais cette fois en remontant une double file de voitures, au milieu, un goulet nous force à ralentir fort. Même topo, notre burneur fou frappe encore, et je vois passer un missile bordeaux, avec aux commandes une personne quelque peu crispée sur les freins et sur la façon d'éviter toutes ces caisses qui lui sautent au visage... Jonathan revient à ma hauteur, je lui lance un "t'en as pas marre de faire le mariole ?" Il me réponds des mots inintelligible. Je sens soudain une drôle d'odeur..." dis, c'est pas ton pneu qui sent comme ça ? Ca empeste le pneu brulé autour !" Il a dû avoir vraiment chaud, et le pneu, et Jonathan !!
Je crois qu'il va falloir et changer le pneu rapidos, et essayer de freiner un peu plus de l'avant...
On repart, un peu plus calme, s'arrête à une station, parce que Seb', qui a Mumu en SdS, la sent qui dort et n'est pas rassuré. Je lui dit que c'est normal, qu'elle est en confiance, et on en profite pour casser un peu la graine, en téléphonant à Joker, qui entre temps, a essayé de nous joindre. On discute sur le pour et le contre qu'on est devant eux, on attend... Finalement, on décide de repartir seuls, passer par chez Seb' pour rassurer LaKâ, goûter le 'tit punch de derrière le tas de bois que nous sort Seb' (c'est vrai que les normands, ils ont de bonnes choses... même si ça vient des TOM DOM !), on raccompagne Lucien chez lui, et Seb' passe chez moi pour ramener Mumu.
Je lui offre un pot de miel en dédommagement, le raccompagne jusqu'à l'autoroute, et au lit !

Bilan, ben monsieur météo, il ne s'était trompé que de quelques heures, parce que si on avait su ce qu'on prendrait sur la figure, on serait peut-être resté au chaud !
Moralité : se méfier des jolis levers de soleil, SURTOUT en novembre ! Quand à la Ténéré, Jonathan, oublie TOUT ! le bruit, la position de conduite, le freinage, la tenue de route, c'est pas pareil, la moto que tu as, ils appellent ça une routière sportive ! Je te jure ! Pas une moto verte ! On recommence quand ?
La ballade fut courte mais riche en émotions, le rire était là, quand aux gaffes et boulettes...le nouveau record est à battre !